Depuis 22 ans, l’entreprise québécoise 2M Ressources s’illustre dans le secteur de la gestion et du traitement du verre recyclé au Canada, mais aussi sur la côte est des États-Unis. Forte de son succès, elle a même inauguré l’an dernier une seconde usine à Boston. Portrait d’une entreprise innovatrice qui misait sur l’économie circulaire bien avant l’existence de cette expression actuellement très en vogue.
« Le verre est recyclable à l’infini, mais trop peu le savent. Encore aujourd’hui, 86 % du verre finit à la poubelle. Nous pouvons faire beaucoup mieux que ça ! » déclare Michel Marquis, président de 2M Ressources, qui traite annuellement plus de 110 000 tonnes métriques de verre issu de la consigne et de la collecte sélective. Son entreprise aurait toutefois la capacité d’en traiter près de 200 000 tonnes supplémentaires si elle avait accès à un plus grand gisement.
Disons que l’entrepreneur avait vu juste en 1999 lorsqu’il a commencé à offrir ses services de conditionnement du verre, d’abord à Montréal, puis sur la Rive-Sud de Montréal, où se trouvent ses installations aujourd’hui. 2M Ressources accueille désormais d’autres types de matières – comme le papier et le carton, certains plastiques et l’aluminium –, mais son créneau principal (85 % de ses activités) demeure le verre.
« D’autres entreprises traitent le verre pour en faire des abrasifs, des décorations extérieures ou des ajouts cimentaires, par exemple, mais nous sommes les seuls à nous spécialiser dans le conditionnement du verre pour la refonte », déclare avec fierté Michel Marquis, qui compte parmi ses clients plusieurs brasseurs comme Molson et Labatt. 2M Ressources travaille aussi depuis plusieurs années avec Nespresso, dont elle recycle les capsules de café en aluminium ainsi que les sacs.
En faveur de l’élargissement de la consigne
L’an dernier, le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec a révélé son plan d’élargir la consigne à partir de l’automne 2022. Cette mesure vise les bouteilles en verre de vins et spiritueux, ainsi que les contenants de boissons prêtes à boire de 100 mL à 2 L (bouteilles de plastique, cartons de lait et canettes en aluminium actuellement non consignées). Cette annonce très attendue aura un impact direct sur les activités de l’entreprise de Michel Marquis.
« C’est certain que nous saluons cette décision, qui augmentera le gisement de verre au Québec. La demande est très grande ! En ce moment, nous sommes obligés de prendre du verre de plusieurs États américains comme le Vermont, le New Hampshire et le Maine parce que nous n’avons pas un assez gros gisement ici. Avec l’élargissement de la consigne, nous devrions pouvoir rediriger les gisements américains vers notre usine de Boston », révèle-t-il.
Le fondateur de 2M Ressources souligne que malheureusement, même si le verre peut être recyclé à l’infini, il n’est pas encore acheminé adéquatement. En d’autres termes, il y a beaucoup de pertes dans la chaîne et le verre issu de la collecte sélective n’est pas de qualité suffisante. « La refonte requiert une qualité de 99 %, rien de moins ! » précise l’homme d’affaires, qui estime que nous avons encore beaucoup de chemin à faire avant d’atteindre le taux de recyclage de 85 % de certains pays européens.
« Il y a tellement de pertes que certains sont obligés d’employer de la matière première : le sable de silice. Le procédé de transformation requiert des températures beaucoup plus élevées que la refonte : il faudrait que ça cesse. » La refonte du verre permet en effet d’économiser du sable et de l’énergie, tout en entraînant une réduction importante des émissions de gaz à effet de serre.
Élargissement de la consigne, démarches de sensibilisation des citoyens et des entreprises aux principaux enjeux du recyclage et du conditionnement du verre : plusieurs pas majeurs demeurent à faire pour optimiser le travail de réduction du résidu ultime effectué par 2M Ressources. Le contexte a toutefois beaucoup évolué depuis la fin des années 1990, période à laquelle Michel Marquis a démarré dans son sous-sol la compagnie qui allait devenir une référence nord-américaine. « Je suis convaincu de l’importance de la chaîne de recyclage du verre, j’y mets toute mon énergie et je réinvestis les profits dans l’entreprise pour développer de nouvelles solutions. »
« Nous sommes les seuls à nous spécialiser dans le conditionnement du verre pour la refonte. »
— Michel Marquis