Le point de départ
L’idée de rédiger ce qui suit découle d’une simple publication que j’ai faite sur LinkedIn : une photo illustrant des bacs de récupération de matières résiduelles qui, à première vue, n’annonce rien de très inspirant ou ne semble pas donner à réfléchir. Ce sont trois bacs, dont un pour la récupération des matières organiques comme les résidus de table, l’autre pour les matières recyclables, et le dernier pour les ordures. Sur ce dernier, il est inscrit : « Enfouissement seulement » (Landfill Only).
J’ai pris la photo en question, une sorte de nature morte de notre temps, durant mon passage à Boston pour les rencontres de comités-conseils de la Solid Waste Association of North America (SWANA), en marge de son événement annuel, Wastecon.
Pour mieux mettre en contexte l’image partagée, dans cette publication, je posais les questions suivantes :
Et si on remplaçait le mot « poubelle » par « enfouissement » sur un bac, aux côtés des bacs bleus et bruns, au Québec ? Ça allume, n’est-ce pas ?
Le résultat ? 57 réactions, 12 commentaires, 1 republication, 3 391 impressions ; bref, comme on dit dans mon milieu, une publication qui a de bons résultats, avec un taux d’engagement appréciable. Je vous entends déjà objecter que ce n’est quand même pas du calibre des publications de Ronaldo ou même de Marilou (Trois fois par jour) sur Instagram, mais je me suis néanmoins dit : « Tiens, tiens, pour LinkedIn, ça cartonne ! »
Les 57 réactions à ces questions indiquent que les actions d’information, de sensibilisation et d’éducation (#ISÉ) demeurent essentielles pour provoquer des changements de comportements profonds. On semble d’accord sur le fait que le mot « enfouissement » saisit, qu’il force la pause, un temps pour réfléchir afin de déterminer si ce que nous nous apprêtons à jeter est bel et bien un résidu ultime. Sur le coup, cette réflexion est bénéfique. Elle équivaut à une prise de conscience immédiate de ce qui a été consommé et de ce qu’il adviendra du déchet produit en gestion post-consommation. À plus long terme, cette conscientisation répétée (chaque fois qu’on tend le bras vers la poubelle dont le contenu ira à l’enfouissement), il est possible d’imaginer qu’elle s’étendra aux moments où on choisit d’acheter ou non un produit, de consommer un objet emballé avec de la matière recyclable ou non, de consommer un aliment emballé, voire suremballé… La puissance de la conscientisation réside dans son enracinement durable, en nous-mêmes. Tel un réverbère par une nuit pluvieuse, la prise de conscience éclaire la suite de notre parcours. Elle précède toute action de communication dans une démarche d’ISÉ.
En effet, réduire à la source, lutter contre le gaspillage, viser le zéro déchet, faire de l’écoconception, augmenter l’indice de circularité de l’économie sont autant de concepts qui, pour atteindre leurs objectifs, exigent une prise de conscience individuelle et collective.
L’affichage percutant – Le bon message
Un des commentaires reçus à la suite de ma publication sur LinkedIn dénonçait l’utilisation du sigle de récupération sous l’écriteau « Enfouissement », arguant que celui-ci n’envoyait pas le bon message. Sachant que l’enfouissement continuera de constituer une activité essentielle compte tenu de la lente amélioration des résultats sur le plan de la génération de déchets, mais aussi que l’enfouissement demeure une solution environnementale fortement réglementée et que les projets de conversion de biogaz en GNR se multiplient au Québec, quel serait le meilleur symbole à lui associer, question de rester juste et intellectuellement honnête, tout en gardant à l’œil le but : la conscientisation ?
Quoi d’autre ? Quels seraient les autres moyens de communication capables de marquer suffisamment les esprits pour accélérer le virage vers l’adoption de pratiques écoresponsables ? Toujours en réaction à ma publication sur LinkedIn, un autre commentaire proposait de concevoir des comparatifs en termes d’espaces par rapport à la capacité, en volume, du bac sur lequel serait écrit « Enfouissement seulement ». Par exemple :
• « Cette poubelle contient x m³. »
• « À son xième vidage, les déchets que ce bac contenait auront comblé un espace équivalant à x piscines olympiques/au tiers de l’île Sainte-Hélène/à x fois ce que consomme annuellement un éléphant. »
• « STOP ! Cette matière résiduelle va-t-elle vraiment à la poubelle ? »
Au final, les propos de ceux et celles qui ont pris part à la discussion portant sur cette idée de nommer les choses un peu plus crûment s’entendaient sur ceci : il faut rivaliser de créativité pour faire passer des messages de sensibilisation, puis continuer de répéter et répéter encore, parce que répéter, c’est informer