Sur le radarDix ans de production de GNR : retour vers le futur avec Enviro Connexions

Dix ans de production de GNR : retour vers le futur avec Enviro Connexions

Par Steven Ross, collaboration spéciale

Enviro Connexions est l’une des pionnières dans la valorisation de biogaz au Québec. En 2024, son usine de production de gaz naturel renouvelable (GNR) située au complexe environnemental intégré de Terrebonne souffle d’ailleurs ses dix bougies. Au moment où le GNR figure parmi les solutions les plus accessibles et prometteuses dans la stratégie de transition énergétique, Michèle-Odile Geoffroy et Anne-Marie Hallé, respectivement spécialiste régionale – environnement et directrice des affaires publiques à Enviro Connexions (division Québec), reviennent sur la genèse de cette usine avant-gardiste et discutent des perspectives du GNR au Québec.

Enviro Connexions a commencé à capter les biogaz et à les valoriser pour en faire de l’électricité en 1996 à son site de Terrebonne. Au milieu des années 1990, Hydro-Québec était en surplus énergétique. Le besoin d’accueil de nouvelles sources d’énergie était donc restreint. Une proportion du gaz capté par l’entreprise à cette époque était donc brûlée, comme l’impose la réglementation. 

Michèle-Odile Geoffroy explique que c’est dans ce contexte qu’est née l’idée de mettre sur pied une usine de production à grande échelle qui valoriserait 100 % des gaz d’enfouissement captés : « Nous avons rapidement vu le potentiel du biométhane. Nous produisions quelque quatre mégawatts par année, mais avions la capacité d’en générer beaucoup plus. »

En se dégradant, les déchets enfouis qui contiennent de la matière organique génèrent des biogaz composés de plus de 50 % de biométhane. La spécialiste rappelle qu’une molécule de méthane a un pouvoir de réchauffement climatique 25 fois plus élevé que le CO2, d’où la nécessité de l’incinérer ou, préférablement, de le valoriser, comme le prévoit le Règlement sur l’enfouissement et l’incinération des matières résiduelles.

Les biogaz produits contiennent toutefois des impuretés, qui doivent être éliminées pour que le gaz soit utilisable. La future usine de production de GNR devrait donc pouvoir purifier le biométhane pour l’injecter dans le réseau de distribution de gaz existant. 

Pas une mince tâche puisqu’entre l’idéation et la mise en service, en 2014, quelque 20 ans se sont écoulés afin de mettre au point un projet qui s’alignerait avec la vision audacieuse d’Enviro Connexions, tout en répondant à des critères de qualité satisfaisants.

Par son projet novateur, l’équipe d’Enviro Connexions a ainsi contribué à écrire l’histoire de la transition énergétique au Québec. En effet, les ingénieurs de l’entreprise ont participé à l’élaboration de la norme BNQ, qui établirait les critères de qualité de production de gaz dans la province : « La stabilité du gaz produit doit être très constante, mais il n’existait pas de standards à l’époque ! Nous avons donc dû voir avec les décideurs ce qu’il était possible d’injecter à partir d’un lieu d’enfouissement technique », confie Anne-Marie Hallé.

Dix ans plus tard, les 700 puits de captage de l’usine d’Enviro Connexions valorisent plus de 95 % des gaz récupérés. Fonctionnant 24 heures sur 24, l’usine a une capacité de production de 8 000 gigajoules par jour, soit l’équivalent des besoins énergétiques d’environ 23 000 maisons. Cette puissance en fait la plus grande productrice de GNR au Québec et l’une des plus importantes du genre en Amérique du Nord.

Le complexe environnemental intégré duquel l’usine fait partie inclut également un bioréacteur pour le traitement des matières organiques issues des bacs bruns de Terrebonne et de Mascouche, une plateforme de compostage de résidus verts, un écocentre et une usine de traitement des eaux. Au total, le complexe, qui embauche quelque 80 personnes, dont 20 pour l’usine seulement, reçoit environ 48 % des déchets générés dans le grand Montréal.

Michèle-Odile Geoffroy explique que contrairement aux gaz fossiles, qui demandent des procédés complexes d’extraction à travers la roche, le GNR produit à partir du biogaz d’enfouissement entraîne une réduction nette supplémentaire de GES. À ses yeux, la captation des GNR fait donc partie des meilleures pratiques actuelles pour la décarbonation et s’inscrit dans une stratégie efficace de transition énergétique. L’experte cite en exemple les véhicules lourds ou les grandes infrastructures comme les usines, qui sont difficilement électrifiables, mais qui peuvent facilement être alimentés au gaz.

Parce que les matières organiques ont une capacité de générer des biogaz durant quelque 30 ans, la valorisation énergétique est une solution efficace et concrète à la décarbonation et, ultimement, aux changements climatiques.

La stratégie québécoise de gestion des matières organiques mise en place est donc un excellent pas dans la bonne direction. Selon Anne-Marie Hallé, il faudra reconnaître l’apport de différentes technologies puisqu’il faut miser sur une diversité de solutions.

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