CETEQLe BAPE : une occasion de mettre l’innovation de l’avant

Le BAPE : une occasion de mettre l’innovation de l’avant

Par Richard Mimeau, Directeur général du CETEQ

Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) a lancé le 23 mars dernier sa démarche visant à faire un état des lieux de la gestion des résidus ultimes, dans une perspective de réduire de moitié les tonnages éliminés. Notre participation aux séances du BAPE est donc une occasion d’attirer les regards de la population sur les partenaires de la chaîne de valeur pour qui l’innovation fait partie intégrante de leur ADN et qui concrétisent l’économie circulaire.

Le Québec est une véritable pépinière d’entrepreneurs dans le domaine de l’environnement et de l’énergie. Ces hommes et ces femmes se couchent chaque soir la tête pleine de projets et se lèvent le lendemain pour les réaliser. Ils ont fait le choix de sortir des sentiers battus – trop battus – en misant sur de nouveaux procédés et des technologies propres afin de recycler ou de valoriser les matières résiduelles en amont de l’élimination. Pour eux et pour le bien-être de tous, le contenu des bacs mérite une deuxième vie.

La genèse 

Les familles vivent à un rythme effréné. Par conséquent, les choix environnementaux sont trop souvent relégués tout en bas de la liste des priorités. Pourtant, l’assainissement de l’environnement, c’est l’affaire de tous. Dans une ère où on achète beaucoup, où on consomme beaucoup et où on élimine tous ces produits de la mauvaise façon, il ne faut pas s’étonner de voir émerger une discussion nationale sur la gestion des résidus ultimes.

Les dernières semaines l’ont prouvé une fois de plus : les connaissances de plusieurs citoyens à propos de la gestion de la matière résiduelle se limitent à ce qu’ils voient par la fenêtre ou dans leur iPad, c’est-à-dire, d’une part, la collecte de leur bac au bord de la rue et, d’autre part, le portrait limité, voire erroné, que brossent certains documentaires de l’élimination des matières résiduelles. Entre les deux, il y a pourtant une panoplie de partenaires (opérateurs de centres de tri, recycleurs, conditionneurs, gestionnaires de lieux d’enfouissement technique, producteurs d’énergie renouvelable ou de compost, etc.) qui œuvrent quotidiennement afin de recycler et de valoriser la matière résiduelle et de réduire notre empreinte environnementale.

L’innovation dans la gestion des matières résiduelles

Les lieux d’enfouissement technique (LET) ne sont pas des sites semblables à ceux qui ont frappé l’imaginaire collectif il y a trente ans. Aujourd’hui, ce sont de véritables complexes environnementaux qui, grâce aux technologies propres, éliminent les matières résiduelles de façon sécuritaire pour l’environnement et la population. Ce que cette dernière ignore, c’est que même à ce stade-ci, il est possible de donner une deuxième vie aux matières résiduelles. En effet, pendant la phase d’enfouissement, en l’absence d’oxygène, la matière organique entremêlée avec les résidus ultimes devient du biogaz qui peut alimenter des véhicules en biocarburant, chauffer des bâtiments ou être injecté dans un réseau de gaz naturel comme gaz naturel renouvelable. Ainsi, jusqu’à 95 % du biogaz est capté et valorisé. Bien que cela ne diminue pas en amont la matière générée par la société, la captation de ce biogaz permet de compenser en partie un mauvais tri à la source des résidus organiques.

L’innovation liée aux matières organiques

Devant la faible participation des ICI (institutions, commerces et industries) et des multilogements au tri à la source de la matière organique, le gouvernement du Québec a dévoilé à l’été 2020 sa Stratégie de valorisation de la matière organique, dans laquelle il annonçait que les ICI seront invités à se doter d’une collecte des matières organiques – et qu’ils y seront ensuite obligés. Cela devrait diminuer la proportion de 50 % des matières organiques qui sont actuellement envoyées à l’enfouissement. Les membres du CETEQ sont motivés face aux défis que représentent la collecte, le traitement et la valorisation des matières organiques. D’ailleurs, grâce au génie québécois et aux technologies propres, différentes méthodes de traitement (biométhanisation et compostage) ont été développées ou sont en cours d’expérimentation afin de produire de l’énergie renouvelable et du compost de qualité pour différents usages.

L’innovation dans le secteur de l’énergie

Puisqu’il n’est pas possible de recycler 100 % des produits mis en marché (lunettes de soleil, souliers, etc.), certaines entreprises ont choisi de valoriser la matière résiduelle non recyclable ou, comme certains aiment l’appeler, « le déchet des déchets », pour en faire des biocarburants et des produits chimiques renouvelables. Grâce à de nouveaux procédés, elles sont en mesure de convertir le carbone présent dans la matière pour le valoriser par la chimie verte, en remplacement de la chimie du pétrole. Non seulement on évite alors l’enfouissement de quantités considérables de matière résiduelle, mais en plus, on valorise celle-ci. La cerise sur le sundae est que cette démonstration parfaite d’économie circulaire est aussi un créateur majeur d’emplois locaux directs et indirects et qu’elle génère d’importantes retombées économiques récurrentes au Québec. C’est gagnant-gagnant pour tous.

À l’échelle locale, nous avons l’expertise pour bâtir un nouveau Québec, un Québec plus vert. Il faut maintenant que les gouvernements et la population fassent confiance au secteur privé pour trouver des solutions aux défis auxquels nous sommes confrontés comme société.

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