ÉditosModernisation du système de collecte sélective : L’heure est à la mobilisation

Modernisation du système de collecte sélective : L’heure est à la mobilisation

Par André Dumouchel

Contenu de bacs de recyclage qui finit par être brûlé en Asie, centres de tri aux pratiques douteuses, voire frauduleuses : les scandales se sont accumulés dans le domaine du recyclage dans les dernières années au Québec. Résultat ? La population et les entreprises ont perdu confiance dans le système. Bien sûr certains font un travail admirable, mais un coup de barre était nécessaire et c’est ce qu’a fait Benoit Charette, ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.

Évidemment, rien n’est jamais parfait. Je ne suis toujours pas convaincu du bien-fondé de l’élargissement de la consigne – je le dis depuis 15 ans – qui fait partie de la stratégie du ministre. À mes yeux, cela augmentera d’une couche la complexité de la gestion des matières pour les citoyens qui risquent de continuer à tout mettre dans leur bac de recyclage de toute façon. De plus, cela multipliera les camions sur la route, sans parler du chaos appréhendé aux différents points de dépôts.

Mais, laissons la consigne de côté et concentrons-nous sur la grande révolution en cours dans le système de collecte sélective. Comme vous le découvrirez plus en détail dans notre reportage principal, le gouvernement provincial a confié l’automne dernier à Éco Entreprises Québec (ÉEQ) la tâche gargantuesque de gérer la collecte sélective sur tout le territoire de la province. Actuellement, ÉEQ se contente de faire un chèque et la gestion est assurée par pas moins de 560 organismes municipaux. Le modèle d’affaires sera complètement changé.

ÉEQ devra s’entendre avec chacun des organismes municipaux : il souhaite qu’ils se regroupent pour aller chercher des contrats plus avantageux de service de collecte et de transport de la matière vers les centres de tri. Une fois triées, les matières seront reprises par ÉEQ et grâce au volume, elle tentera d’aller chercher de meilleurs débouchés.

Cette révolution doit se faire dans un temps record : moins de deux ans pour réaliser le transfert des responsabilités et cinq ans pour arriver à un système mature. Pour y arriver, ÉEQ devra doubler son personnel alors que la pénurie de main-d’œuvre frappe toujours.

La femme de la situation

La tâche est donc colossale. Mais, je crois qu’ÉEQ pourra relever le défi. En grande partie parce que Maryse Vermette, la PDG, est aux commandes. Elle connaît le monde municipal et le milieu de la collecte sélective sur le bout de ses doigts. Et, vous le lirez dans le reportage, elle m’apparaît être une femme investie d’une mission. Elle veut faire de cette modernisation son legs. C’est une leader forte, inspirante et c’est ce dont son équipe – et les personnes qui la joindront – a besoin pour réaliser ce projet plus grand que nature.

Municipalités, centres de tri, entreprises productrices de matières à recycler, citoyens : il est temps de se rallier et de ramer tous dans le même sens. Le statu quo n’était plus une option. Et comme le révélait l’an dernier le rapport L’état des lieux et la gestion des résidus ultimes du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), l’enfouissement de déchets dans la province a connu une nette augmentation depuis 2015, et ce, même si les bacs de recyclage n’ont jamais été aussi pleins.

Vous apprendrez aussi dans la chronique de Daniel Normandin, directeur du Centre d’études et de recherche intersectorielles en économie circulaire, que la circularité de l’économie de la planète aurait chuté à 7,2 % l’an dernier alors qu’elle était à 9,1 % en 2018.

De son côté, le gouvernement du Québec souhaite toutefois mettre le pied sur l’accélérateur dans le domaine de l’économie circulaire ces prochaines années. Est-ce que la modernisation du système de collecte sélective piloté par ÉEQ pourrait avoir un impact positif ? Certainement ! En élargissant le mandat d’ÉEQ, le gouvernement provincial met toutes les chances de son côté pour voir émerger une réelle transformation des pratiques. Je pense par exemple à la réduction du suremballage, mais aussi, à la réutilisation des matières pour réduire au maximum ce qu’on envoie au centre de tri.

Qui sait, le Québec pourrait même réaliser de petits miracles et devenir un exemple cité dans le monde en matière économie circulaire. Chose certaine, il est temps d’avancer ensemble.

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