Face à l’actuelle pénurie de main-d’œuvre, il n’existe pas de solutions magiques, quoique… chez EnviroCompétences, les coups de baguette magique créent de petits prodiges d’innovation !
Le comité sectoriel de la main-d’œuvre en environnement s’est en effet mis en mode séduction et a innové pour capter l’intérêt des jeunes de 14 à 24 ans et des personnes issues de l’immigration, en leur faisant découvrir de manière ludique et dynamique les formations et les métiers rattachés à l’environnement. Comment ? Grâce à des bornes tactiles, interactives et animées, qui « mesurent six pieds de haut par trois pieds de large », comme l’indique, de manière amusée, Dominique Dodier, initiatrice du projet et directrice générale d’EnviroCompétences.
Bien sûr, la taille de ces bornes n’est qu’anecdotique, puisque leur force réside surtout dans leur technologie et leurs actions interactives : à travers des animations, elles présentent cinq métiers du milieu de l’environnement. Toutefois, comme ces trois bornes se promèneront en 2022 dans des écoles, des organismes en employabilité, des salons de l’éducation et des foires de l’emploi de tout le Québec, gageons que leurs proportions et leur aspect technologique sauront attirer l’attention.
Rassurons tout de suite les participants à l’expérience : ils ne seront pas responsables du déménagement des bornes ! Tout simplement, ils n’auront qu’à se placer devant l’une d’elles afin de découvrir les présentations animées des cinq métiers en environnement choisis : opérateur/technicien en traitement de l’eau potable, chauffeur de camion de collecte, technicien en restauration après sinistre, technicien en environnement (technicien en réhabilitation et caractérisation des sols), et opérateur de centre de tri.
Des métiers accessibles grâce aux PAMT
« Les cinq métiers choisis ne sont pas nécessairement méconnus, mais ils ont été sélectionnés parce qu’ils ne sont pas tous couverts par une formation diplômante », explique Dominique Dodier, précisant que ce n’est que le début de ce projet intitulé Vert ton avenir, et que d’autres métiers seront éventuellement présentés. « C’est la première phase du projet et celui-ci évoluera en fonction des besoins à venir, affirme Stéphanie Trudelle, directrice de la formation/projets chez EnviroCompétences. Nous déposerons une demande de financement et ensuite, nous élargirons le projet. »
Parmi les métiers présentés, deux s’apprennent dans le cadre de programmes d’apprentissage en milieu de travail (PAMT), alors que les trois autres bénéficient de programmes scolaires. « Il existe quatre PAMT dans notre secteur, et ce sont des programmes d’apprenti-compagnon, dit Stéphanie Trudelle. Ces gens-là suivent un parcours avec un encadrement pédagogique et un encadrement d’expérience. Puis, au bout de six à huit mois, ils peuvent exercer le métier sans avoir de diplôme. C’est également une belle avenue pour les gens qui sont issus de l’immigration et qui veulent intégrer le marché du travail. »
Une initiative applaudie
Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre qui touche grandement le secteur de l’environnement, le projet VERT ton avenir est une initiative applaudie non seulement par le secteur de l’environnement, mais aussi par la Commission des partenaires du marché du travail (CPMT). Cette dernière est une instance provinciale de concertation regroupant des représentants de tous les domaines qui se préoccupent de résoudre les enjeux des milieux de travail, tout en étant l’interface entre l’État québécois et les organisations partenariales directement touchées par l’emploi et le développement de la main-d’œuvre.
« Ce que Dominique Dodier et son équipe ont fait, c’est formidable, s’enthousiasme Audrey Murray, présidente de la CPMT. Notre priorité, et ce dans quoi nous investissons, c’est notamment la promotion des professions et des métiers d’avenir pour lesquels il existe des besoins. Nous trouvons aussi très important de mettre de l’avant auprès de notre jeunesse les professions et les métiers verts. Les bornes tactiles remplissent pleinement ce mandat. »
L’idée de bornes tactiles interactives a germé dans l’esprit de Dominique Dodier en début de pandémie. « À cette époque, j’avais lu une publicité provenant du Japon dans laquelle on voyait des bornes interactives sur les autoroutes et dans les rues, relate-t-elle. Le concept de promotion des métiers en environnement m’est venu comme ça, tout simplement. »
Le reste de l’histoire, c’est un projet bien ficelé, qui a profité d’un programme du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale. Par ailleurs, cette activité et sa logistique sont entièrement gratuites pour les écoles et les organismes désirant en bénéficier. Il suffit de s’informer sur le site d’EnviroCompétences à l’adresse suivante :
Des enjeux de taille dans un secteur en ébullition
En consultant la planification stratégique d’EnviroCompétences pour la période de 2022 à 2025, on constate que cet OBNL ne manquera pas de défis !
Chargée par la Commission des partenaires du marché du travail (CPMT) de nombreux mandats interreliés dans le secteur économique de l’environnement, l’équipe d’EnviroCompétences naviguera à travers plusieurs enjeux de la transition verte.
Et les défis d’envergure sont loin d’être rares ! À elle seule, la pandémie a déjà fortement transformé le marché du travail, sans compter les modifications en profondeur de la main-d’œuvre que crée la nouvelle économie verte, dont le « verdissement » de métiers d’autres secteurs de l’économie. À cela s’ajoute une forte croissance dans le secteur de l’environnement, marquée par une hausse du nombre d’entreprises, par une augmentation du nombre de postes vacants et par l’ajout de plusieurs filières liées à l’économie verte en pleine expansion ; joignons-y les difficultés de recrutement et la pénurie de main-d’œuvre.
Notons que le secteur de l’environnement a connu une augmentation de 10 % de ses établissements de 2017 à 2020. « En tout, cela représente actuellement presque 70 000 emplois très influencés et régis par les lois et les règlements environnementaux. C’est donc un secteur en effervescence », affirme Dominique Dodier. « Et comme la réglementation est en constante évolution, cela crée de grands besoins de formation », ajoute Stéphanie Trudelle.
Nouveaux règlements = impact sur la main-d’œuvre
À ce chapitre, l’exemple du récent Règlement concernant la traçabilité des sols contaminés excavés, avec son chapelet de nouvelles normes, oblige les entreprises offrant ce service à se mettre au diapason des nouvelles mesures. « Ces entreprises doivent développer des compétences pour répondre aux nouvelles normes, et elles se voient dans l’obligation d’embaucher des travailleurs qui seront formés et qui deviendront aptes à appliquer la réglementation. Il en ira de même avec la responsabilité élargie des producteurs (REP), dont l’approche vise à transférer la responsabilité de la gestion des matières résiduelles engendrées par la consommation de divers produits aux entreprises qui sont à l’origine de leur mise en marché. Au bout du compte, l’ensemble des lois et des règlements influence positivement l’offre de produits et de services environnementaux », précise Dominique Dodier.
Dans son plan d’action sommaire pour la prochaine année, EnviroCompétences constate que les solutions visant à soutenir les entreprises offrant des services environnementaux devront tenir compte de ce bouquet complexe formé par une forte croissance, une pandémie qui s’étire dans le temps et une pénurie de main-d’œuvre.
Parmi les solutions retenues, on insiste sur la réorganisation du travail, sur le développement des compétences et de l’expertise des entreprises, ainsi que sur l’intégration des travailleurs provenant de l’étranger.
« Lors des trois dernières années, le taux d’emploi dans le secteur de l’environnement a augmenté de 10 %, contre 1,8 % pour les autres secteurs d’activité économique, indique Dominique Dodier. Si la pénurie de main-d’œuvre est en partie due au taux de croissance de notre secteur, elle est aussi consécutive aux départs à la retraite. La moyenne d’âge en environnement est beaucoup plus élevée que dans tout autre secteur d’activité économique. »
Dominique Dodier signale aussi un troisième facteur influençant la main-d’œuvre, soit l’augmentation du nombre d’entreprises. En effet, plus il y a d’entreprises, plus le secteur a besoin de main-d’œuvre. Autre facteur d’importance : 80 % des entreprises en environnement affirment vouloir embaucher de la main-d’œuvre sur un horizon de 0 à 24 mois.
Une niche particulière et une mission unique
À les voir se démener afin de soutenir les entreprises du secteur de l’environnement pour qu’elles puissent compter sur une main-d’œuvre de qualité et en quantité suffisante, on pourrait penser que l’équipe d’EnviroCompétences est constituée d’un grand nombre de personnes. Mais elles ne sont que dix !
Et toutes des femmes, d’ailleurs ! Pourtant, curieusement, seulement 29 % des postes du secteur de l’environnement sont occupés par des femmes.
« Jusqu’à maintenant, notre équipe a été accaparée par d’autres enjeux prioritaires, mais nous allons bientôt produire une étude afin de tracer un portrait des femmes qui travaillent en environnement, révèle Dominique Dodier. Par la suite, nous serons en mesure de dresser un plan d’action pour trouver des solutions afin d’augmenter le taux d’emploi des femmes dans le secteur de l’environnement. »
Avoir recours à ce bassin de travailleuses potentielles en environnement est l’une des solutions à envisager pour faire face aux enjeux énormes du marché du travail.
« Les défis de main-d’œuvre sont nombreux et risquent d’augmenter au fil du temps, précise pour sa part Roger Tremblay, sous-ministre associé responsable d’Emploi-Québec et secrétaire général de la CPMT au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité Sociale (MTESS). Mais là où EnviroCompétences tire son épingle du jeu, c’est que cet organisme interagit transversalement avec les autres secteurs d’activité économique. »
En considérant l’implication d’EnviroCompétences dans son domaine, M. Tremblay affirme que cet OBNL constitue l’un de ses gros comités sectoriels. « Bien sûr, la protection de l’environnement, la transition énergétique et la transition verte sont des enjeux majeurs, mais tous les secteurs d’activité économique y font face, pas seulement celui de l’environnement. EnviroCompétences aura donc sans doute à conseiller et à soutenir d’autres secteurs, surtout dans le cadre du défi mondial de réduction des émissions de gaz à effet de serre, qui sera très porteur d’emplois nouveaux et de transformation des emplois. »
Un leadership appelé à s’élargir
Même son de cloche du côté d’Audrey Murray, présidente de la CPMT.
« EnviroCompétences sera amené à exercer un leadership important dans le monde de l’emploi dans les prochaines années, affirme-t-elle. Il le fait déjà, mais son leadership sera appelé à s’élargir. En ce moment, bien sûr, l’équipe de Dominique Dodier fait des miracles dans l’acte d’accompagner le secteur de l’environnement, mais comme les enjeux de la transition verte touchent l’ensemble des secteurs de l’économie ou presque, EnviroCompétences aura une expertise et un leadership à exercer pour accompagner ces autres secteurs. »
Pour sa part, Dominique Dodier, qui n’est jamais à court de créativité, souhaite cependant que tous comprennent bien la mission d’Enviro-Compétences.
« Personne au Québec ne fait ce que nous faisons. EnviroCompétences occupe vraiment une niche particulière, avec une mission unique. Nous ne sommes pas dans l’innovation, c’est-à-dire que nous n’aidons pas les entreprises à innover ou encore à exporter. Nous ne faisons pas de plan de développement commercial. Nous ne faisons pas de lobby. Nous sommes neutres et objectifs. De plus, nous n’avons pas de membres, mais nous avons des partenaires avec qui nous travaillons en collégialité et en fonction de leurs besoins. »
Développer et former la main-d’œuvre au service de l’environnement et du développement durable, telle est, en résumé, la mission — accomplie ! — d’EnviroCompétences.
« Personne au Québec ne fait ce que nous faisons. EnviroCompétences occupe vraiment une niche particulière, avec une mission unique. »
— Dominique Dodier, initiatrice du projet et directrice générale d’EnviroCompétences
La transition verte est en marche, pénurie de main-d’œuvre ou pas…
Le gouvernement du Québec a déjà lancé son Plan pour une économie verte, un projet ambitieux jetant les bases d’une économie sobre en carbone, résiliente face aux changements climatiques et plus prospère à l’horizon 2030.
Voilà pour les objectifs. Toutefois, l’enjeu d’un accès à une main-d’œuvre disponible et qualifiée pour réaliser ce programme demeure de taille.
« Jusqu’à tout récemment, on parlait de rareté de main-d’œuvre, laquelle est définie par un faible taux de chômage et un nombre élevé de postes vacants, en particulier les postes vacants depuis plus de 90 jours, ce qui dénote une difficulté de recrutement, explique Roger Tremblay. Toutefois, on a basculé en pénurie de main-d’œuvre en vertu d’un troisième élément qui s’est ajouté et qui risque d’être durable : la hausse des salaires comme attrait à l’emploi. »
Le secteur de l’environnement, en croissance accélérée, vit les mêmes enjeux de main-d’œuvre que tous les autres secteurs d’activité économique. La différence, c’est qu’il est appelé à croître en lien avec le virage vert.
« Comment les emplois de ce secteur vont-ils évoluer ? Une étude récente du Fonds monétaire international avance que dans les dix prochaines années, ou d’ici 2030, seulement 1 % des emplois des pays membres de l’OCDE évolueront en raison de l’implantation de l’économie verte, 1 % seulement des emplois seront transformés par les impacts de nouvelles normes environnementales. C’est peu et c’est lent », ajoute M. Tremblay.
À ses yeux, la lenteur des gouvernements à réagir à des rapports sur l’état des lieux des GES, par exemple, est en cause. Même si des orientations sont prises, la réglementation et la législation portent souvent au-delà de 2030, voire de 2035 (par exemple, la fin des véhicules à essence est prévue pour 2035). Alors, « il va sans dire que l’aiguille ne bouge pas si rapidement que cela », explique-t-il.
Convaincre les 60-69 ans de rester en emploi
Par ailleurs, selon M. Tremblay, le taux d’activité des 15-64 ans continuera de décroître jusqu’en 2030, et il devrait reprendre un peu à compter de 2031, de sorte que les dix prochaines années risquent d’être difficiles.
« Dans le groupe des 15-59 ans, le Québec est dans le top 3 des États de l’OCDE ayant le plus fort taux d’activité. Donc notre monde travaille, affirme-t-il. Cependant, en ce qui concerne la catégorie des 60-69 ans, nous nous retrouvons parmi les derniers de classe, sans doute à cause du taux de syndicalisation relativement élevé au Québec (plus de 40 %), surtout dans le secteur public. Ces travailleurs profitent souvent d’un régime de retraite à prestations déterminées, ce qui fait en sorte qu’ils quittent leur emploi plus tôt. Donc, si on a des gains à faire sur le plan du taux d’activité, c’est dans cette catégorie. »
Selon lui, les solutions ne sont peut-être pas à la portée de toutes les entreprises, mais celles qui le peuvent doivent faire en sorte que les employeurs deviennent attractifs en offrant, par exemple, des conditions de travail intéressantes, comme l’accommodement des travailleurs expérimentés qui veulent demeurer en emploi, mais souhaitent réduire leur semaine de travail.
À l’heure où la pénurie de main-d’œuvre représente un réel défi, voilà une belle occasion pour les entreprises de penser différemment et de faire preuve de créativité. Tous en sortiront gagnants.
« Dans le groupe des 15-59 ans, le Québec est dans le top 3 des États de l’OCDE ayant le plus fort taux d’activité. »
— Roger Tremblay, sous-ministre associé responsable d’Emploi-Québec et secrétaire général de la CPMT au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité Sociale (MTESS)
25 ans de réalisations
À l’aide de ses formations et de ses multiples outils, EnviroCompétences accompagne depuis maintenant 25 ans les entreprises du secteur de l’environnement en les soutenant et en les encourageant à adopter les bonnes pratiques en matière de ressources humaines. Forte de son expertise unique, elle contribue également à la connaissance du marché du travail dans le domaine. Une aide inestimable pour un secteur d’activité qui a le vent dans les voiles !