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Réduction à la source : l’économie de la fonctionnalité et de la coopération (EFC), un modèle à propager

Par Claude Maheux-Picard, Directrice générale du CTTÉI

Une nouvelle avenue pour l’innovation   

Miser sur la vente de l’usage des produits plutôt que sur la vente des produits eux-mêmes, voilà une stratégie d’affaires innovante !

Encore trop peu connue, l’économie de la fonctionnalité et de la coopération, ou « EFC », mérite notre attention pour sa capacité à réduire l’utilisation de ressources vierges et la production de déchets.

Elle ouvre des horizons aux dirigeants d’organisations qui veulent réaliser leur transition socioécologique tout en pérennisant leur modèle d’affaires. Fabriquer des biens plus durables et réparables tout en aidant le client à en optimiser l’utilisation et la durée de vie, telle est la prémisse de l’EFC.

EFC Québec innove et inspire les entreprises

Le projet EFC Québec a été lancé par des expertes et des experts en économie circulaire impliqués dans des projets de symbiose industrielle et membres du réseau Synergie Québec. Leur objectif était de pallier l’absence d’expertise en accompagnement des entreprises en EFC dans le paysage économique québécois. Le projet pilote s’est déroulé sur une période de deux ans, de 2021 à 2023, à l’échelle de six territoires, sous la coordination du CTTÉI et avec l’accompagnement de la firme française d’experts-conseils Pikaïa.

Vingt entreprises volontaires ont suivi un parcours complet, chacune aidée par un duo constitué d’un conseiller ou d’une conseillère en économie circulaire et d’un conseiller ou d’une conseillère en développement économique. Ces entreprises ont bénéficié de l’accompagnement de consultants et de consultantes en ergonomie du travail, en analyse de cycle de vie et en logistique. Les résultats sont prometteurs et inspirants.

Comprendre l’EFC

D’après l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) française, « l’EFC consiste à fournir aux entreprises, individus ou territoires […] des solutions intégrées de services et de biens reposant sur la vente d’une performance d’usage ou d’un usage, et non sur la simple vente de biens. Ces solutions doivent permettre une moindre consommation des ressources naturelles dans une perspective d’économie circulaire, un accroissement du bien-être des personnes et un développement économique1. »

La majorité des acteurs de l’économie abordent l’EFC par la « fonctionnalité ». C’est l’approche dite, en anglais, de « product as a service », qui considère surtout la vente de l’usage du produit. Par exemple, au lieu de vendre un aspirateur dont la durée de vie est limitée, l’entreprise vend de la propreté.

Mais il ne s’agit pas seulement de remplacer la vente d’un volume de biens par la vente d’un nombre d’heures ! Il s’agit de chercher à offrir la meilleure propreté, obtenue le plus durablement, avec les meilleures pratiques. En découplant la valeur créée de la logique de volume, nous pouvons réduire la consommation des ressources naturelles et générer de la valeur ajoutée.

La coopération est essentielle : l’entreprise doit élargir sa vision, redéfinir son environnement et son écosystème de parties prenantes, et être prête à partager besoins, défis et solutions !

L’EFC a de l’avenir

L’économie de la fonctionnalité n’est pas une tactique à appliquer de façon systématique. Elle demande que l’on analyse l’environnement de l’entreprise au sens large (parties prenantes, écosystème économique, politique, écologique, sociétal) ; que l’on évalue toutes les ressources, les forces et les faiblesses ; et que l’on révise le portefeuille d’activités. Ainsi, elle porte une réflexion stratégique aux multiples répercussions, mais au vaste potentiel.

Il y a des enjeux : par exemple, comment financer durablement des actifs que l’on met à la disposition de tiers ? Comment les assurer ? Quand et comment vont évoluer les politiques d’approvisionnement des organisations publiques et privées, pour pouvoir octroyer des contrats à ce nouveau type d’offres qui misent sur la qualité et qui profitent à la communauté à long terme ?

Mais l’EFC conduit à innover technologiquement, comme l’a fait Intellinox avec ses solutions avancées et qualitatives de chauffage d’espaces de restauration. On peut aussi aller chercher des revenus récurrents et fidélisés, comme le fait Aquatech BM avec ses solutions de lave-bouteilles commerciaux, ou encore Probiosphère, qui permet à ses clients de garder propres des eaux de procédés en ajoutant le moins possible de produits chimiques, tout aussi circulaires et vertueux soient ces produits. On peut même révolutionner le modèle de ramassage collectif de déchets comme le fait éco.Déchets en France.

Bref, l’objectif et le bénéfice principal de l’EFC, c’est de réimaginer des services vraiment utiles et de générer de la valeur plus durablement. Cette approche est à retenir dans le contexte de pénurie de main-d’œuvre : en se concentrant sur la pertinence de l’organisation du travail et des effets produits, les entreprises friandes d’EFC améliorent le bien-être des personnes et valorisent concrètement leur main-d’œuvre. Cela favorise une meilleure rétention. Or qui, aujourd’hui, pourrait rester insensible à cet argument ?

Vous voulez en savoir plus sur l’EFC ? EFC Québec a récemment publié le résultat de ses travaux sous la forme d’une trousse méthodologique qui peut être téléchargée gratuitement à https://www.efcquebec.com/ressources/

1     Institut européen de la fonctionnalité et de la coopération. (s. d.). Qu’est-ce que l’EFC ?               

https://www.ieefc.eu/institut-economie-de-la-fonctionnalite/quest-ce-que-lefc/

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