Sur le radarUne bonne nouvelle pour les ICI de la région de Montréal

Une bonne nouvelle pour les ICI de la région de Montréal

Par Guy Des Rochers

ENVIRO CONNEXIONS

modernise son nouveau centre de tri pour répondre à la demande croissante

Près d’un an après avoir acquis les actifs du centre de tri de LaSalle, dans le sud-ouest de Montréal, Enviro Connexions s’apprête à « faire des investissements majeurs » dans la modernisation de ses équipements.

« C’est notre intention d’améliorer la qualité du tri et des matières, ainsi que la capacité et la productivité de nos opérations, explique Jean-François Pelchat, directeur général d’Enviro Connexions. Nous allons investir pour améliorer nos performances. »

Ces investissements de plusieurs millions de dollars sont rendus nécessaires pour mieux outiller le centre de tri, qui a revu son modèle d’affaires afin de favoriser le traitement des matières (papier, fibre, métal, acier, plastiques) provenant des clients institutionnels, commerciaux et industriels (ICI).

« La demande est grandissante dans ce marché, précise le directeur général. Nous voulons nous donner les moyens d’y répondre adéquatement. Nous voulons pouvoir traiter 40 000 tonnes par année. À l’heure actuelle, nous sommes à 50 ou 60 % de cette capacité sur l’une de nos deux lignes de tri. »

M. Pelchat précise à ce sujet que l’entreprise a « fait des offres de service aux joueurs majeurs » de cette industrie ainsi qu’aux entrepreneurs qui souhaitent y acheminer leurs produits pour qu’ils y soient triés et traités.

Des défis à relever

Chose certaine, insiste Jean-François Pelchat, les défis sont grands en matière de traitement des matières provenant des ICI dans la grande région de Montréal. Il ajoute : « Il ne faut pas oublier de préciser que la plupart des centres de tri ont été construits pour gérer la collecte sélective, le fameux bac bleu provenant des municipalités, et non pas pour desservir le secteur des ICI. »

« C’est d’ailleurs parce qu’il y avait un besoin, un manque [à combler], que nous avons fait l’acquisition des actifs [de Récupération Maronniers] en juillet 2020, évoque-t-il. La problématique était là : il n’existait pas de capacité de tri pour ce marché spécifique dans le grand Montréal. »

Rappelons que Récupération Maronniers, un OSBL, employait une centaine de personnes. L’organisme a fait faillite après plus de trente ans d’activité, incapable de maintenir la tête hors de l’eau en raison de la crise du recyclage – la « crise des matières exportées en Asie » – qui a fait exploser ses coûts d’exploitation.

En effet, de 2018 à 2020, les coûts engendrés pour traiter les matières résidentielles ont quadruplé, passant de 40 à 160 dollars la tonne. En même temps, le prix des matières récupérées a atteint des niveaux plancher, en raison de la faiblesse de la demande et des débouchés.

« Dans la grande région de Montréal, le marché du recyclage [institutionnel, commercial et industriel] a connu des jours très difficiles au cours des trois ou quatre dernières années. Ce qui s’est passé avec la Chine [qui a cessé de recevoir des matières à recycler] explique en grande partie ces difficultés. Grâce à l’acquisition du centre de tri à LaSalle, nous offrons une solution à nos clients. C’est une bonne nouvelle pour l’industrie », affirme Jean-François Pelchat.

Une première acquisition au Québec

Enviro Connexions, filiale de l’entreprise Waste Connections, en est à sa première acquisition de centre de tri au Québec avec celui de LaSalle.

« Il s’agit en outre d’un des seuls centres de tri destiné à la gestion de l’ensemble des matières provenant des ICI de la grande région de Montréal, indique Jean-François Pelchat. C’est un élément important à considérer dans notre stratégie de développement. Nous voulons en tirer avantage. »

Cela fait dire à Michel Binette, directeur principal des relations gouvernementales et du développement des affaires pour Waste Connections of Canada : « Il s’agit pour nous d’un autre pas dans la bonne direction [qui nous permet] une plus grande diversification. » Il se fait fort de rappeler, par ailleurs, qu’Enviro Connexions « est une entreprise intégrée qui ne fait pas qu’enfouir les déchets ».

« Nous sommes dans le recyclage, nous faisons du compost avec les matières organiques et ultimement, quand le déchet arrive à l’enfouissement, nous produisons du gaz naturel renouvelable (GNR) à l’usine que nous avons construite à Terrebonne [en 2014] au coût de 44 millions de dollars. »

Des efforts sans relâche en temps de pandémie

La pression a été forte sur les membres du personnel d’Enviro Connexions au cours de la dernière année, marquée par la pandémie et la fermeture des commerces, concède Michel Binette.

« Mais [jusqu’à présent], nous pouvons dire “mission accomplie”, précise-t-il. Nous avons réussi à fournir ces services essentiels de salubrité publique sans qu’il y ait une interruption [de service] causée par des problèmes de santé au sein de nos effectifs. » Il concède que cela a demandé une logistique sanitaire qui sera maintenue tant et aussi longtemps que les risques de contamination seront présents dans l’environnement. « Depuis le tout début de la crise, dit-il, nous désinfectons chaque soir les cabines des camions et nous nous assurons que nos directives sont suivies à la lettre. Nous avons la collaboration de tous nos employés, à qui nous avons versé une prime [pandémie] de 2 $ de l’heure. »

Il n’en demeure pas moins que la crise sanitaire a durement frappé le secteur des ICI. « Notre division commerciale [commerces, écoles, centres commerciaux] a bien sûr écopé, avec des baisses de volume, reconnaît-il. Par contre, dans le résidentiel, ce fut une tout autre histoire. On parle ici d’une augmentation de 15 %. Les gens sont restés chez eux, ils ont consommé à la maison, et nos services de collecte et de recyclage ont roulé à plein régime. »

L’obsession de faire mieux

Daniel Lasorsa n’a qu’une obsession : toujours faire mieux pour valoriser la matière dans le respect de l’environnement. « C’est ça, le plus beau défi, et je trouve ça valorisant », souligne le directeur des opérations du centre de tri d’Enviro Connexions, à LaSalle.

L’homme de soixante ans est un passionné qui s’intéresse depuis des années au monde du recyclage.

Il était en poste depuis 15 ans lorsque les nouveaux propriétaires ont pris possession des actifs du centre de tri [Récupération Maronniers]. Il rappelle que cet OSBL a toujours produit de la qualité.

« Nous étions déjà bien ancrés dans une mentalité [de qualité], et ça a toujours été la devise, dit-il. Nous étions concentrés dans le papier, la fibre. Mais avec ce projet de modernisation, nous allons élargir notre champ d’action. »

« Pendant trop longtemps, les centres de tri ont été [perçus] comme des endroits où on faisait des ballots, où on envoyait des déchets ailleurs. Ce n’était pas notre cas [à LaSalle]. Nous avions plusieurs catégories de papier que nous vendions au Québec », précise Daniel Lasorsa.

Des valeurs établies

Pour faire image, le directeur des opérations aime rappeler que son travail ne consiste pas uniquement à « déplacer des montagnes de matériel à traiter ».

« Il faut toujours faire en sorte que nous allons tirer le meilleur [des matières] qui se trouvent [dans ces amoncellements] », précise-t-il. Cela suppose qu’il faut avoir l’œil aiguisé et une solide expertise pour reconnaître les « bonnes matières » et retirer les produits nuisibles.

« Le truc, c’est d’enlever ce qui doit être traité au bon moment, explique-t-il. On ne laisse pas un morceau de métal tout le long de la chaîne de production, parce qu’il va briser les équipements. Même chose pour le bois et la pellicule plastique. »

À l’heure actuelle, le centre de tri fonctionne sur un quart de travail de jour, mais il est à prévoir, selon lui, qu’un deuxième quart de travail, celui du soir, sera éventuellement ajouté pour « répondre à la demande, en fonction des hausses de volumes [anticipées] ».

Nul doute que son employeur peut compter sur lui pour mener à bien ses prochaines missions !

Populaires

PFAS : revenir aux sources du problème

Saviez-vous que le Québec ne compte aucune usine produisant des substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, et que la réglementation fédérale interdit depuis plusieurs années la...

Réduction à la source : l’économie de la fonctionnalité et de la coopération (EFC), un modèle à propager

Une nouvelle avenue pour l’innovation   Miser sur la vente de l’usage des produits plutôt que sur la vente des produits eux-mêmes, voilà une stratégie...

Choisir les bons mots pour plus d’impact : Retour sur une publication qui a (un peu) fait jaser

Le point de départL’idée de rédiger ce qui suit découle d’une simple publication que j’ai faite sur LinkedIn : une photo illustrant des bacs...
Publicitéspot_img