Gestion des matières résiduellesÉconomie circulaireComment participer à la transition circulaire de la société québécoise - horizon 2050?

Comment participer à la transition circulaire de la société québécoise – horizon 2050?

Par Élise Rucquoi

La transition du Québec vers une économie circulaire repose sur une multitude d’initiatives privées, gouvernementales et citoyennes, de tailles et de portées diverses. Cependant, leur fragmentation limite leur impact. Avec un taux de circularité de seulement 3,5 % – loin de la moyenne mondiale de 7,2 % – et une consommation de ressources qui dépasse les seuils écologiques viables, un changement systémique s’impose.

Trois défis majeurs freinent encore la transition :

  1. Production inefficace et gaspillage : une dépendance excessive aux ressources vierges et une faible intégration de modèles circulaires dans les chaînes de production.
  2. Consommation insoutenable : des pratiques commerciales favorisant l’obsolescence, combinées à une résistance culturelle         au changement.
  3. Gouvernance fragmentée : une régulation inadaptée aux exigences de la transition circulaire et des incitatifs insuffisants.

Une feuille de route pour guider la transition

En réponse à ces constats, le Réseau de recherche en économie circulaire du Québec (RRECQ) a développé une feuille de route de manière collaborative, impliquant plus de 330 personnes issues de divers secteurs et régions. Elle propose une vision structurée pour guider la transition circulaire du Québec entre 2025 et 2050.

Cette démarche repose sur quatre étapes :

  1. Identifier les futurs possibles de l’économie circulaire au Québec.
  2. Mobiliser les parties prenantes avec des ateliers de cocréation pour bâtir une vision collective du futur souhaitable à l’horizon 2050.
  3. Définir des jalons concrets et leurs interrelations pour atteindre ce futur souhaitable.
  4. Partager des savoirs afin d’assurer une appropriation collective des propositions.

Une vision collective d’un futur souhaitable 

La transition vers une économie circulaire ne peut pas se réaliser à court terme. Elle nécessite des transformations profondes des modèles économiques et sociaux ainsi qu’une révision des modes de production et de consommation.

Pour 2050, la vision collective de la société québécoise s’articule autour de trois volets : (voir image)

Les 10 jalons clés de la feuille de route

Pour atteindre cette vision, des spécialistes ont identifié 67 jalons, dont, 10 sont particulièrement stratégiques :

  • Mobilisation des entreprises, des gouvernements et des investisseurs : déployer des initiatives ciblées d’information, de sensibilisation et de formation adaptées aux différentes parties prenantes afin de favoriser une compréhension commune et l’appropriation des stratégies circulaires.
  • Infrastructures de recherche de pointe : stimuler la génération et l’application des connaissances pour répondre aux défis complexes des territoires et des secteurs économiques.
  • Outils de suivi des flux de ressources : assurer une gestion optimisée des matières, de l’eau et de l’énergie pour une prise de décision plus éclairée. =   Tableau de bord des indicateurs clés : suivre et évaluer les progrès vers une économie circulaire respectueuse des écosystèmes.
  • Transparence des entreprises : demander aux organisations de communiquer sur leurs impacts et leurs flux de ressources.
  • Mécanismes démocratiques : impliquer la population dans la définition des priorités collectives en matière d’utilisation des ressources.
  • Renforcement législatif : mettre en place une écofiscalité et un cadre réglementaire incitatif.
  • Filets de sécurité dans les cadres législatifs et décisionnels : assurer une transition juste et inclusive en garantissant l’accès aux biens et services essentiels.
  • Approvisionnement public circulaire : faire de l’État un exemple en intégrant davantage des critères d’approvisionnement responsable et en priorisant des stratégies de réduction à la source.
  • Plans régionaux d’économie circulaire : encourager des stratégies adaptées aux contextes locaux.

Une avenue stratégique pour les entreprises

Plusieurs jalons de la feuille de route auront un effet direct sur le milieu des affaires et sur l’industrie en accélérant leur transition vers une économie circulaire. Par exemple, les travaux du RRECQ donnent à penser qu’une stratégie nationale pourrait répondre aux enjeux liés à la pénurie de main-d’œuvre et à sa requalification en proposant des formations ciblées pour doter chaque secteur économique des compétences nécessaires. Dans le même temps, des incitatifs financiers, des normes modernisées et des certifications renforcées stimuleraient l’innovation et encourageraient l’adoption de pratiques circulaires. Des réseaux de collaboration dynamiques faciliteraient les synergies entre les entreprises privées et les organisations d’économie sociale, favorisant la mutualisation des ressources et l’émergence de nouveaux modèles d’affaires. Les entreprises seraient également encouragées à élaborer des plans d’économie circulaire intégrant la réduction à la source, la réutilisation des matériaux et l’élimination des matières résiduelles. Enfin, des projets pilotes financés serviraient de vitrines inspirantes, accélérant l’adoption de solutions durables dans les pratiques industrielles.

Pourquoi  s’engager?

S’engager dans la transition vers une économie circulaire, c’est contribuer à un Québec plus prospère et résilient qui respecte les limites planétaires. La feuille de route du RRECQ fournit un cap clair et des propositions concrètes pour y parvenir.

La transition ne se limite pas à une série de mesures environnementales : elle représente une réponse globale aux défis économiques, sociaux et écologiques du XXIe siècle. En collaborant dès maintenant, le Québec peut devenir un modèle international d’économie circulaire, favorisant un avenir soutenable pour les générations futures.

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