« La force de 3Rve, c’est qu’il attire l’attention sur des problématiques importantes de l’industrie tout en mettant de l’avant des acteurs incontournables dans le domaine. »
— Richard Mimeau, vice-président Affaires publiques et Développement durable chez Matrec
Créer un magazine entièrement consacré à la gestion des matières résiduelles, un sujet tout sauf sexy… il fallait le faire! L’industrie a toutefois répondu présente dès le lancement de 3Rve. Vingt ans plus tard, elle l’est toujours, fière que l’on mette de l’avant ses bons coups et ses enjeux.
Artiste dans l’âme, Grégory Pratte travaillait dans le domaine des assurances lorsqu’il s’est laissé convaincre par son ami d’adolescence, André Dumouchel, de venir travailler pour le magazine 3Rve. « Je me souviens qu’au tournoi de golf qu’il organisait pour réunir les gens de l’industrie, les Lost Fingers étaient venus en prestation, raconte-t-il. Ils étaient au milieu d’une tournée européenne, et ils étaient revenus pour le tournoi de golf des magazines. J’étais impressionné. J’ai décidé d’embarquer dans l’aventure, d’autant plus que l’environnement était un domaine qui correspondait à mes valeurs. »
Maintenant vulgarisateur, chroniqueur et conférencier dans le domaine de l’environnement pour différentes tribunes, Grégory Pratte voit le magazine comme un précurseur. « Aujourd’hui, il y a des chroniques en environnement dans tous les médias, mais il y a 20 ans, ce n’était pas le cas, précise-t-il. On en parlait juste lorsqu’il y avait un scandale. »
L’industrie de la gestion des matières résiduelles a aussi beaucoup changé depuis 20 ans. « Il n’y a pas si longtemps, environ 90 % de ce qui était collecté pour le recyclage était envoyé à l’étranger, alors que maintenant, plus de 80 % de ce qui est ramassé est recyclé au Québec », illustre Grégory Pratte, qui a travaillé plus de neuf ans en sensibilisation pour le centre Tricentris après ses années à développer 3Rve et Source.
À ses yeux, les magazines et tout ce qui gravitait autour, comme le tournoi de golf et la réalisation de vidéos, ont créé de vrais lieux de rencontre. « Au début, LinkedIn n’était pas si développé : on s’envoyait des courriels ! L’industrie a vraiment pu se rassembler et évoluer grâce à 3Rve et à Source. »
« La force de 3Rve, c’est qu’il attire l’attention sur des problématiques importantes de l’industrie tout en mettant de l’avant des acteurs incontournables dans le domaine. »
— Richard Mimeau, vice-président Affaires publiques et Développement durable chez Matrec
Par l’industrie, pour l’industrie
C’est lorsque Richard Mimeau est arrivé à la tête de l’organisme qui deviendrait le Conseil des entreprises en technologies environnementales du Québec (CETEQ), en 2012, qu’il a connu 3Rve.
« Je représentais des entreprises qui travaillent tous les jours sur le terrain pour protéger et assainir l’environnement, notamment avec les matières contaminées, dangereuses et organiques, explique-t-il. Ce n’est pas ce qui est le plus sexy dans le domaine de l’environnement, mais le magazine se concentre là-dessus. C’est très rare que les autres médias en parlent. »
Richard Mimeau a donc commencé à écrire des chroniques dans 3Rve et à réaliser des capsules vidéo. « C’était très important pour moi d’être présent comme président-directeur général du CETEQ, parce que tous les gens de l’industrie lisent le magazine, qui est en plus distribué dans les municipalités, explique-t-il. C’est certain que c’était beaucoup de travail. Le texte passait entre plusieurs mains avant la publication pour qu’on soit certains que tout soit exact. Mais c’était vraiment un bon moyen de faire connaître nos bons coups et nos problématiques. »
Kevin Morin, PDG actuel du CETEQ, a poursuivi la tradition. « C’est important, parce que c’est notre véhicule de communication avec le grand public, le secteur privé et les villes, souligne-t-il. Parfois, on souhaite mettre de l’avant certains enjeux ou certaines solutions. D’autres fois, ce sont de bonnes nouvelles, ou de moins bonnes. Le magazine est extrêmement important dans l’industrie, et d’ailleurs, plusieurs de nos membres y collaborent. »
Des reportages à grands impacts
Kevin Morin est convaincu que ce qui est écrit dans 3Rve peut avoir de l’impact. « Par exemple, alors qu’il y avait beaucoup de dépôts illégaux, nous avons fait une chronique pour demander un meilleur contrôle de la part du ministère de l’Environnement, explique-t-il. Derrière les dépôts illégaux, il y a des sols contaminés, des gens, des familles, des entreprises qui souffrent. Et c’est de la concurrence déloyale pour nos membres. Nous, on veut rehausser les standards, et le contrôle doit suivre. La chronique a fait réagir et on commence à voir des changements. »
Désormais vice-président des affaires publiques et du développement durable chez Matrec, qui offre des services de collecte de matières résiduelles, Richard Mimeau continue pour sa part d’être proche de 3Rve. « Matrec a même fait la page couverture du magazine au printemps parce qu’on s’attaque aux résidus de construction, de rénovation et de démolition (CRD), indique-t-il. C’est un enjeu puisqu’il n’est pas facile de trouver des débouchés et qu’il y a tout un marché parallèle, illégal. La force de 3Rve, c’est qu’il attire l’attention sur des problématiques importantes de l’industrie tout en mettant de l’avant des acteurs incontournables dans le domaine. C’est un super outil de communication qui aide à faire débloquer des dossiers. »
Léo Fradette a mené toute sa carrière dans le domaine de la gestion des matières résiduelles, notamment chez RECYC-QUÉBEC, puis à son compte auprès de municipalités régionales de comté (MRC). Pendant plusieurs années, aux débuts de 3Rve, il a écrit une chronique qui se penchait sur un sujet d’actualité dans chaque numéro. « C’était l’époque où on parlait beaucoup de collecte sélective, de récupération des matières et d’agrandissement des sites d’enfouissement, se souvient-il. Certaines municipalités étaient très avancées, d’autres se traînaient les pieds. Les entreprises privées avaient aussi beaucoup d’enjeux avec les technologies. J’essayais de faire circuler l’information d’un côté à l’autre. »
Il se souvient notamment d’avoir écrit un article sur Montréal. « C’était au début de la récupération et les commerces étaient desservis une fois par semaine, indique-t-il. Comme ils avaient beaucoup de matières récupérables, leurs bacs débordaient. Ça donnait des images inimaginables. Il fallait adapter la collecte aux besoins des commerces. On voyait moins ce problème en région. Évidemment, les gens de Montréal n’avaient pas trop aimé mon article. »
Auparavant ingénieur dans le domaine de l’eau au ministère des Affaires municipales et de l’Habitation, Mathieu Laneuville a commencé à écrire pour 3Rve lorsqu’il est arrivé à la tête de Réseau Environnement. Il a même fait la une de 3Rve. « J’étais un nouveau PDG et j’étais connu dans le domaine de l’eau, mais moins dans celui de la gestion des matières résiduelles, raconte-t-il. Pour faire avancer les choses en environnement, on a tous intérêt à collaborer, à se mettre ensemble, à rallier les forces. C’est important que Réseau Environnement puisse collaborer avec les magazines Source et 3Rve sur différents dossiers. »
Sensibiliser l’industrie
Le magazine est aussi un outil pour sensibiliser l’industrie à différentes questions. Par exemple, le Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTÉI) a une chronique depuis quelques années dans 3Rve pour parler d’économie circulaire.
« Le magazine nous permet de vulgariser ce qu’est la transition vers l’économie circulaire, indique Claude Maheu-Picard, directrice générale du CTTÉI. On veut montrer que les choses peuvent être faites facilement. »
Pour y arriver, le CTTÉI met de l’avant dans sa page des entreprises proactives dans la circularité qui ont réussi à avoir des résultats intéressants. « Elles donnent des exemples chiffrés d’économies et elles témoignent des différentes retombées, raconte Claude Maheu-Picard. Nous sommes dans le concret. Ça prend un retour sur l’investissement. Ainsi, on amène l’industrie à s’intéresser à ce qu’il y a dans leurs conteneurs et à y voir la valeur. On leur montre que c’est à leur portée. »
Celle qui est au CTTÉI depuis 20 ans a d’ailleurs vu un grand changement de mentalité au fil du temps. « Au début, on prêchait pas mal dans le désert, mais maintenant, les entreprises pensent à l’acceptabilité sociale de leurs projets. Elles savent ce qu’est l’économie circulaire, elles s’y intéressent. Les changements vont continuer de se faire et le magazine permet d’aider la transition en mettant des précurseurs de l’avant. »
Un autre enjeu important dans le domaine de l’environnement est celui de la main-d’œuvre. Dominique Dodier, directrice générale d’EnviroCompétences, écrit des articles sur le sujet depuis de nombreuses années autant dans 3Rve que dans Source. « En général, on parle très peu de gestion des ressources humaines dans le domaine de l’environnement alors que c’est très important, affirme-t-elle. Il y a des compétences stratégiques à développer dans les entreprises parce que c’est un secteur très réglementé. »
Elle s’efforce donc de sensibiliser les gestionnaires à faire une saine gestion de leurs employés. Elle leur donne aussi des outils pour mieux recruter, gérer et développer les compétences de chacun.
Elle se souvient d’ailleurs il y a environ quatre ans d’avoir écrit une chronique où elle prédisait une pénurie de main-d’œuvre dans le domaine et elle mentionnait l’importance de développer la polyvalence des travailleurs et des travailleuses. « Ça avait beaucoup fait réagir, se souvient-elle. Les gestionnaires ne voyaient pas cette pénurie arriver. »
Alors que les changements continuent de suivre leur cours, le sujet demeure d’actualité à ses yeux. « Ce sont des cycles, affirme-t-elle. En ce moment, il y a une recrudescence des technologies environnementales et beaucoup de changements réglementaires. Il faut ajuster la gestion des ressources humaines en environnement à ces réalités. Les magazines 3Rve et Source nous donnent une tribune pour qu’ensemble, nous y arrivions. »
« Pour faire avancer les choses en environnement, on a tous intérêt à collaborer, à se mettre ensemble, à rallier les forces. »
— Mathieu Laneuville, président-directeur général de Réseau Environnement
Des tournois de golf mémorables
Si des sujets très sérieux sont abordés dans 3Rve, les gens de l’industrie savent aussi se réunir pour avoir du plaisir. Le tournoi de golf organisé par MAYA communication et marketing (l’éditeur de 3Rve et Source) est mémorable pour plusieurs. « Chaque année, on avait un thème un peu farfelu, se souvient Grégory Pratte. La dernière année que nous l’avons organisé, c’était la lutte. On avait même organisé un match de lutte au terrain de golf. Imaginez ! On m’en parle encore ! »
C’était tellement un moment important pour rassembler l’industrie que lorsque MAYA a voulu passer le flambeau pour l’organisation de l’événement, c’est le CETEQ qui l’a repris il y a huit ans. « C’est vraiment le lieu où l’industrie se réunit, affirme Richard Mimeau. Le tournoi de golf est d’ailleurs toujours plein parce que c’est important que nous puissions nous retrouver ensemble. »
Les débuts de 3Rve
Après avoir réalisé des études en droit et avoir atterri par hasard chez Réseau Environnement, André Dumouchel a côtoyé les spécialistes du domaine de l’eau de même que ceux de la gestion des matières résiduelles (GMR) pendant près d’une décennie avant de lancer les magazines 3Rve et Source, il y a 20 ans.
« Certaines revues existaient et avaient leur pertinence, mais étant au cœur de l’écosystème, j’entendais souvent les gens du domaine de l’eau dire qu’on y parlait trop de GMR, alors que les gens de la GMR trouvaient qu’on y parlait trop d’eau, raconte André Dumouchel. Chacun des domaines voulait SON magazine. Pour satisfaire tout le monde, j’ai décidé de faire un magazine niché pour chaque domaine. »
Il était aussi évident que ce serait un magazine pour et par les gens de l’industrie. « Les gens du milieu ont une connaissance fine des enjeux importants du moment, alors en leur donnant la parole, on a accès à ce qui se passe en coulisse, explique-t-il. Par exemple, Maryse Vermette, PDG d’Éco Entreprises Québec, qui est au cœur d’importants changements dans la collecte sélective et qui planifie tout ça depuis des années, elle a écrit et a été interviewée régulièrement dans le magazine au fil des ans, alors l’industrie sait un peu à quoi s’attendre. »
Le magazine a aussi brassé le milieu de la GMR au Québec, notamment il y a une dizaine d’années, lorsqu’une rumeur voulait que le gouvernement tire un trait sur RECYC-QUÉBEC. « L’organisme avait toujours eu mauvaise réputation dans l’industrie, mais en même temps, cette dernière ne voulait pas perdre son interlocuteur pour faire avancer ses dossiers, se souvient André Dumouchel. On s’est unis et on a fait un reportage pour que le gouvernement fasse marche arrière et sauve RECYC-QUÉBEC. C’était un dossier politique qui avait bien marché. »
Grégory Pratte souligne aussi l’importance de ce reportage. « C’est intéressant d’ailleurs de relire les articles du passé, dit-il. Ils peuvent encore nous inspirer et éviter que nous refassions les mêmes gaffes. »
Le magazine place aussi beaucoup de gens de l’industrie sous les feux de la rampe. « On n’hésite pas à mettre en première page une personnalité de l’industrie qui a fait quelque chose de notable, indique André Dumouchel. On aime faire découvrir des gens qui œuvrent dans l’ombre, mais qui le font avec cœur et passion. »
Au fil des ans, le magazine s’est professionnalisé. « On a toujours eu un petit budget, mais de plus en plus, on a réussi à attirer des gens de métier, ajoute-t-il. Par exemple, au départ, je réalisais le reportage principal, mais maintenant, nous avons des journalistes qui écrivent aussi dans de grands médias du Québec, dont La Presse. Nos contenus sont rehaussés et plus solides. »
De plus, le magazine est niché et a la chance d’être soutenu par différents acteurs de l’industrie, dont plusieurs annonceurs. « C’est certain que le modèle économique est fragile, affirme André Dumouchel. Les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) ont une grosse partie de la tarte publicitaire et tous les médias québécois sont en compétition pour ce qu’il reste. Mais l’industrie a besoin que ces informations circulent et elle nous est fidèle. Les annonceurs soutiennent à leur façon le partage des connaissances en prenant un espace publicitaire. Plusieurs d’entre eux le font uniquement dans ce but. Ils méritent nos remerciements collectifs. »
Afin de se positionner pour l’avenir, 3Rve rayonne maintenant sur un nouveau site Web qui présente des articles partageables. « C’était important de prendre ce virage pour le référencement des textes : avec le nouveau site Web, nos articles peuvent sortir dans les recherches Google. Pour l’instant, il n’y a que trois ans d’archives sur le site. Il reste d’importants investissements à faire afin de mettre tous les textes disponibles. C’est important qu’on y arrive, puisque ces textes ont été écrits par quelques-uns des plus grands spécialistes du domaine de l’eau et de la GMR des 20 dernières années, un savoir collectif niché et potentiellement partageable de grande valeur.
« C’est intéressant d’ailleurs de relire les articles du passé. Ils peuvent encore nous inspirer et éviter que nous refassions les mêmes gaffes. »
— Grégory Pratte, vulgarisateur, chroniqueur et conférencier dans le domaine de l’environnement